I. Le principe de récurrence :
Soit un entier naturel.
On considère les suites et de terme général :
et,
.
1. Calculer et pour et .
Peut-on conjecturer une relation entre et ?
2. Considérons la propriété : .
2.1. est-elle vraie ?
2.2. Supposons que pour un certain entier , soit vraie.
Justifier les égalités :
3. La propriété est-elle vraie ?
Correction
1. Calcul de et pour et :
On a,
,
,
,
, et
On remarque que :
, , , et .
On peut conjecturer que pour tout entier naturel , on a la relation : .
2. Considérons la propriété : .
2.1. est-elle vraie ?
La vérification est immédiate.
2.2. Supposons que pour un certain entier , soit vraie. Justifier les égalités :
On a,
D’où grâce à ,
Mais encore,
3. Véracité de la propriété ?
Pour dans , on a : .
Puisque,
Alors, la propriété est vraie.
Les résultats précédents nous amènent à conclure que est vraie pour tout .
La démarche que nous venons d’esquisser s’appelle « le raisonnement par récurrence ».
Observons son organisation en deux étapes :
Etape 1 :
On montre que la propriété est vraie pour : est vraie.
Cette étape s’appelle l’initialisation.
Il se peut que l’on demande de prouver la validité de pour tout dans (Exemple ) voire pour tout (Exemple ), l’initialisation consiste alors en la vérification de ou .
Etape 2 :
On montre que si la propriété est vraie au rang , alors elle est vraie au rang suivant . On dit que la propriété est héréditaire.
Cette étape s’appelle l’hérédité.
Dans ces conditions, on pourra conclure que la propriété est vraie pour tout entier naturel .
II. MISE EN OEUVRE
Soit un entier naturel, et soit une propriété dépendant de .
Pour démontrer que est vraie pour tout de , on peut procéder de la façon suivante :
- Initialisation : On établit la propriété au premier rang (ex. pour ).
- Hérédite : On fixe un entier tel que la propriété soit vraie. On montre alors que est également vraie.
Ces deux points étant établis, on peut conclure que la propriété est vraie pour tout .
— EXEMPLE 1 —
Somme des premiers entiers.
Montrer par récurrence que :
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
La vérification de est immédiate. En effet,
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
Puisque,
Alors, grâce à on a,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout , on a : .
— EXEMPLE 2 —
Somme des carrés des premiers entiers :
Montrer par récurrence que :
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
Dans cet exemple, est un entier naturel non nul. L’initialisation se fait donc pour .
La vérification de est immédiate. En effet,
Hérédite :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
Puisque,
Alors, grâce à on a,
Par ailleurs, l’équation d’inconnue a pour discriminant strictement positif. Elle possède donc deux solutions, à savoir et .
Le polynôme se factorise donc sous la forme soit .
On en déduit que,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout , on a :
— EXEMPLE 3 —
Une inégalité.
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel , on a :
Correction :
Pour tout entier naturel , on note la propriété :
Initialisation :
Dans cet exemple, est un entier naturel supérieur ou égal à . L’initialisation se fait donc pour .
On a donc est vraie.
(On vérifie aisément que est fausse pour et .)
Hérédite :
Fixons tel que soit vraie. On a donc :
Puisque,
Alors, grâce à on a,
Pour montrer que est vraie, c’est à dire que , il suffit de montrer que ou encore, .
Or,
On a donc . Ainsi, est vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout entier naturel , on a : .
— EXEMPLE 4 —
Inégalité de Bernoulli.
Soit un réel positif.
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel , on a :
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
On a donc,
La propriété est vraie.
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
Puisque,
Alors, grâce à on a,
Mais,
Finalement,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout réel positif et pour tout entier naturel , on a : .
— EXEMPLE 5 —
Un peu d’arithmétique.
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel , est un multiple de .
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
est un multiple de
Il existe donc un entier relatif tel que .
Initialisation :
On a , c’est bien un multiple de .
La propriété est vraie.
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
est un multiple de .
Puisque,
Alros, grâce à on a,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout entier naturel , est un multiple de .
— EXEMPLE 6 —
Avec des suites.
On considère la suite définie par et pour tout entier naturel par .
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel ,
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
La vérification de est immédiate, et on a,
La propriété est donc vraie.
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
Or,
D’où grâce à ,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout entier naturel , .
— EXEMPLE 7 —
Avec des sinus.
Soit un réel multiple de .
Montrer par récurrence que, pour tout entier natuel non nul :
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
Pour , on a :
et
La propriété est donc vraie.
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
Puisque,
Alors, grâce à on a,
Par ailleurs, , d’où,
Avec, et ,
Soit,
C’est exactement . est donc vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout entier naturel non nul,
— EXEMPLE 8 —
Une dernière inégalité …
Montrer par récurrence que pour tout entier naturel non nul, on a :
Correction :
Pour dans , on note la propriété :
Initialisation :
On a,
La propriété est vraie.
Hérédité :
Fixons dans tel que soit vraie. On a donc :
En ajoutant aux deux membres de l’inégalité, on obtient :
Pour montrer que est vraie, c’est à dire que,
Il suffit de montrer que,
Ou encore,
Or,
D’où,
Ainsi, est vraie.
On peut donc conclure que la propriété est vraie pour tout .
C’est à dire que pour tout entier naturel , on a,
III. Synthèse :
Le raisonnement par récurrence est un outil essentiel. Dans la plupart des exemples que vous serez amenés à traiter au lycée et en BAC+1, sa mise en oeuvre ne pose pas de difficultés. Il convient en revanche de rédiger soigneusement.
Pour effectuer une démonstration par récurrence, il est souvent utile d’avoir, au préalable, une idée du résultat que l’on veut prouver.
Dans ce contexte, il est pertinent de commencer par deviner le résultat en considérant les petites valeurs de comme à la question 1 de l’onglet « Le principe ». Mais cette phase « de tâtonnement » doit se poursuivre par une phase de démonstration comme vu dans les exemples (Onglet « Des exemples ») 
En guise de conclusion,
Soit un entier naturel et une propriété.
On peut dire que le raisonnement par récurrence repose sur le principe suivant :
Si et si : alors : .
Voici une proposition de rédaction quand on veut montrer une propriété par récurrence :
On énonce la propriété à démontrer : .
- Initialisation : On vérifie que est vraie.
- Hérédité : On fixe dans tel que soit vraie et on démontre que est vraie.
FIN
merci d’abord pour les efforts déployés, j’ai une tout petite remarque portant sur l’étape 2 (hérédité), en effet cette l’étape comporte encore deux sous étapes
1- FIXATION: il s’agit de fixer au préalable un entier naturel n >=n0 puis supposer que P(n) est vrai pour ce même entier (HYPOTHESE DE RECURRENCE)
2- HERIDITE: montrer que P(n+1) est vrai
NB: cette remarque surmonte une difficulté pédagogique mais n’ajoute rien au raisonnement mathématique que tu as suggéré car je le trouve très excellent
Bonsoir Mohamed et merci pour ton message.
Je te prie d’abord de m’excuser pour ma réponse tardive – J’étais malade ces derniers jours et je suis toujours en convalescence –
Tu as bien raison de nuancer les étapes de l’hérédité
Une autre erreur assez répandue est qu’il arrive que l’on suppose que est vraie pour un certain . est vraie pour un certain » s’écrit en langage mathématique :

Le problème ici est que la proposition «
alors que l’hérédité repose sur :
Bonjour à tous,
dans la famille des erreurs à ne pas reproduire, en voici une que je rencontre régulièrement dans les copies.
Lors de l’étape d’hérédité, il est fréquent de voir dans les copies des rédactions du type : Supposons que , et montrons que est vérifiée. car c’est ce que l’on cherche à démontrer.
On ne peut pas supposer la propriété vraie pour tout
bonne journée.